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3e partie : Texte du Podcast 18 : La proposition partie 1, Une démocratie autonome et inspirante

Updated: Mar 29, 2022

Comment cocher ‘’Sauver le Monde’’ sur sa ‘’bucket list’’?


Bienvenue au podcast épisode 18 de Planet Republyk!

Ceci est le cinquième de 10 épisodes de la troisième et dernière partie du projet Planet Republyk.


Si vous ne deviez en lire ou écouter qu'une seule partie; ce serait celle-ci.


La portion de l'argumentaire, le ''Pourquoi'', de la troisième partie étant terminée; nous entamons la présentation du ''Comment'' et de la méthode elle-même du projet Planet Republyk.


Les prochains épisodes sont les plus importants de la série.


Épisode 18 : Une démocratie autonome et inspirante


Celui qui plante des arbres tout en sachant qu’il ne pourra profiter de leurs ombres commence à comprendre le sens de la vie.

Rabindranath Thakur dit Tagore


Par souci éthique, mais aussi de stabilité, les bases morales de la république mondiale à construire devraient être inattaquables. Une démocratie idéale se doit d’être le plus près possible de l’objectif : un humain/un vote.

Le parlement mondial, lors de son instauration, devrait aussi être le plus parfait possible pour une autre raison essentielle que nous avons abordée plus tôt : les institutions humaines tendent par nature à se scléroser dans leur forme initiale. On pourrait aussi espérer, de l’excellence de ce modèle, un ruissellement sur la gouvernance des nations, démocratique ou non.

Aussi, à la lumière de nos expériences démocratiques, des leçons devraient être tirées. Les candidats devraient bénéficier d’un financement public, sobre et égal, lors des campagnes électorales à date fixe. Toute idée du reliquat que constitue un sénat ou une chambre haute; une façon pour l’aristocratie d’autrefois et les élites économiques d’aujourd’hui de s’assurer un droit de veto sur les velléités du peuple, devrait être à proscrire.


En outre, les partis politiques, ayant démontré leur inanité un peu partout dans le monde au cours des dernières décennies, devraient être interdits du futur parlement planétaire. Les représentants de chaque zone, siégeant en tant qu’indépendants, seraient ainsi libres de forger des alliances ponctuelles avec d’autres députés afin de défendre certains enjeux communs. Les élus pourraient également parrainer des projets de législations émanant de la société civile.


Dans De Monarchia[i], Dante, au début du XIVe siècle, exprimait déjà, dans le contexte de son époque, cette idée : « la formule selon laquelle l’humanité peut être gouvernée par un seul souverain suprême ne doit pas être comprise comme si les plus petites dispositions de la moindre localité devaient directement émaner de lui ».


La juridiction de ce parlement mondial porterait sur tous enjeux à dimension planétaire et uniquement ceux-ci. Un gouvernement universel n’aurait pas à se mêler de services d’incendie locaux à titre d'exemple. Cela se nomme le principe de subsidiarité. Un principe fondamental de toute bonne démocratie. C’est toujours le plus petit palier de gouvernement : municipal, régional ou national qui doit s’occuper d’un problème quand il le peut.

Le palier mondial ne gérerait donc pas les services locaux tels ceux des incendies. Il serait toutefois tout à fait pertinent qu’il crée et régente une escouade internationale d’intervention pour les catastrophes incendiaires majeures. Elle serait déployée lors des méga-incendies, qui seront appelés à éclore de plus en plus fréquemment un peu partout sur la planète, comme on a pu le constater, entre autres, en Australie et en Californie au cours des dernières années.


Les questions sur lesquelles la république universelle serait souveraine devraient être limitées, constitutionnellement, à des enjeux internationaux ou globaux. ( Nous avons présenté quelques-uns de ces enjeux possibles ici dans le chapitre 5 ) En d’autres termes, la souveraineté demeurerait répartie entre plusieurs niveaux de gouvernements : mondial, national, régional et municipal; chacun d’eux serait souverain dans sa propre sphère de compétences.


Cela peut sembler contre intuitif mais ce nouveau palier de gouvernement pourrait, à terme, engendrer une meilleure répartition des pouvoirs à l’échelle mondiale en accroissant les champs de compétences exclusifs des paliers locaux et régionaux. Car, une décentralisation est souhaitable sur bien des enjeux.


La république universelle pourrait même contribuer à rétablir un rapport de force entre des régions ou des peuples réclamant leur autonomie et les États desquels ils relèvent. À titre exemple, aucune entité politique n’osa interférer quand Madrid décida, à grands coups de Jarnac, d’entraver et plus tard invalider le référendum des Catalans[ii]. Un parlement mondial pourrait s’assurer, partout sur la planète, du respect de la règle de droit dont celui inaliénable des peuples à disposer d’eux-mêmes.


Afin de s'attaquer à ces enjeux globaux, le parlement mondial devra détenir la capacité d’agir. Il faut donc constituer une cosmocratie mondiale autonome, légitime et détenant le pouvoir de contraindre les nations à respecter les législations nécessaires qu’elle votera quant à la pérennité de la planète et de l’espèce humaine.

La cosmocratie, pour être autonome, devra pouvoir prélever des impôts auprès des citoyens de la planète. Elle devrait aussi détenir la capacité de saisir les milliers de milliards de dollars cachés dans les paradis fiscaux, ce qu'aucun pays de la planète n'a la légitimité de faire sur un autre territoire que le sien.

À ce propos, des économistes de renommées internationales, dont Lucas Chancel, Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman constatant, encore, dans leur Rapport sur les inégalités mondiales 2022[iii], l’aggravation des inégalités autant au niveau des revenus, du patrimoine, que de l’empreinte écologique proposent différentes mesures pour y remédier.


Ils estiment qu'une imposition progressive du patrimoine à l'échelle mondiale, une taxation sur le patrimoine des expatriés, une "exit tax" de plusieurs années pour les contribuables qui décident de déménager pour raisons fiscales ainsi qu'un registre financier international sous l’égide de l'OCDE ou de l'ONU (ou encore mieux d’un parlement mondial imputable à l’ensemble de l’humanité) afin d'agir contre l'évasion fiscale pourraient contribuer à résorber ces différents types d'inégalités.

Selon les auteurs du rapport, toutes les formes d'actifs doivent être concernées, surtout les actifs financiers qui représentent aujourd’hui, bien plus que le foncier, l'essentiel des fortunes modernes.

Dans le moins ambitieux des 3 scénarios proposés de taxations mondiales des plus nantis d’entre nous, les auteurs du rapport avancent la possibilité de récupérer annuellement 2% du PIB mondiale[iv] (environ 100 000 milliards de US$ en 2022[v]).(Voire graphique ci-contre)

C’est donc un minimum de 2000 milliards US$ qui se retrouveraient à disposition annuelle d’un parlement mondial afin de veiller à l’amélioration globale des conditions de vie des moins nantis de la planète. C’est déjà dix fois toutes les sommes combinées de l’aide étatique du globe consacrées annuellement à l’aide internationale[vi].

Quand on réalise qu’en 2020 seulement, alors que l’ensemble de l’humanité subissait les contrecoups économiques de la pandémie, les plus riches d’entre nous se sont enrichis de

3600 milliards US$[vii] et que les taxations proposées ne freineront pas même leur enrichissement, on suppose que même les plus ardents défenseurs du néolibéralisme parmi nous ne pourront qu’applaudir les conclusions du rapport ...


D’autres formes de taxes globales[viii] ont déjà été proposées par des États ou des organisations internationales, nommément des taxes à faible taux sur : les transactions financières (une taxe de 0.1 % pourrait générer 300 milliards de dollars annuellement); le transport international (maritime et aérien), la vente d’armement à l’international, les firmes transnationales, l’extraction des ressources non renouvelables ou même sur les robots[ix]. On parle ici de milliers de milliards de dollars en capitaux annuels à investir là où les besoins seront les plus criants selon le parlement mondial.


La création d'une Banque centrale mondiale ainsi qu'une devise universelle référentielle, tel que proposée par l’économiste britannique John Maynard Keynes en 1945 (voire chapitre 9), pourrait certainement faciliter la mise en place de nombre de ces mesures.


C’est risqué décrète la fierté. C’est impossible renchérit l’expérience. C’est sans issue conclue la raison. Essayons murmure le coeur.


William Arthur Ward


En 1651, le pourtant pacifiste Thomas Hobbes l’énonçait clairement en une formule, tout aussi lucide que limpide, devenue classique:

« Et les conventions, sans l'épée, ne sont que des mots. »


Ceci est donc à dire que la République mondiale ne sera capable de contrainte tant qu'elle ne détiendra pas sa propre force de paix internationale, plus puissante qu’aucune armée de la planète, capable de contenir toute nation belliqueuse même parmi les plus puissantes.

Une fois cette force de l’ordre instaurée, de nombreuses nations pourraient choisir de se départir de leur armée propre, devenue inutile, ou de l’incorporer au sein de cette armée universelle dont la taille serait éventuellement appelée à décroitre.

Tout cela libérerait de considérables capitaux, à l’échelle de la planète, pour d’autres enjeux. Car, malgré la pandémie et la débâcle économique mondiale qu’elle provoqua, les dépenses militaires mondiales étaient toujours en progression[x] de 2,6% en 2020 pour se chiffrer à 1981 milliards de US $.


Cette force mondiale de maintien de la paix éliminerait à terme le risque de guerres entre nations. Il deviendrait tout aussi absurde de penser une guerre entre le Pakistan et l’Inde qu’il l’est d’envisager une guerre entre l’Allemagne et la France aujourd’hui. Les conflits se régleraient dorénavant par la règle de droit.

L'objectif de Planet Republyk n'est pas de détailler une constitution universelle. Des propositions, assez abouties en ce sens, ont d’ailleurs déjà été élaborées par le passé dont la Constitution pour la fédération de la terre[xi] ou encore le Plan de Chicago[xii] mentionnés plus tôt.


De nombreux intellectuels et constitutionnalistes apporteront, le moment venu, leur contribution à la rédaction de cette constitution. Néanmoins, ce pourrait être une bonne idée qu’elle n’ait qu’une validité de 25 ans. Chaque génération aurait ainsi la chance d’écrire sa propre charte et de corriger des lacunes de la précédente.


Planet Republyk ne porte qu’un dogme si on peut l’exprimer ainsi : chaque adulte de la planète doit être éligible à un vote au suffrage direct, libre de l’interférence des États, au sein de la future république universelle du genre humain.

Car, la seule façon d'en finir avec les réflexes nationalistes qui ont miné jusqu’à maintenant l’ONU et les autres instances internationales est, qu’au sein de cette nouvelle structure mondiale, les êtres humains se perçoivent comme citoyens du globe avant même que de se considérer comme Ougandais, Russes ou Coréens. Qu’ils se choisissent démocratiquement, au suffrage direct, des représentants en dehors des réflexes habituels.



Voilà! C'est tout pour l'épisode 18!


Merci à Magali Rolland d'avoir prêté sa voix aux citations.


Le thème musical du podcast est la pièce ‘’Who would have tought’’ de l’artiste Crowander. Elle est une courtoisie libre de droit disponible ici sur Free Music Archive.


Vous trouverez sur la section ''Blogue'' de Planet Republyk.org/blog tel qu'écrit sur le logo du podcast, le texte du Podcast et ses références ainsi que d'autres textes.


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Surtout à ceux qui vous sembleraient intéressés par un tel sujet!


Merci de votre écoute et au plaisir de vous retrouver pour l'épisode 19 !

[i] Dante, Monarchie, dans Œuvres complètes, traduites, présentées et annotées par A. Pézard, Paris, Gallimard, La Pléiade, 1965, p.85. [ii] Romain Geoffroy, « Catalogne : comprendre les enjeux du référendum sur l’indépendance », Le Monde, 29 septembre 2017. [iii] World Inequality report 2022, Lucas Chancel, Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, Creative commons licence World inequality lab, Harvard Univ Press, 2022. https://wir2022.wid.world/introduction/ [iv] Ibid. Chapitre 10, Figure B10.1 Global billionaires’ wealth growth and healthcare spending [v] Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Prévisions du PIB réel à long terme, diagramme, Site consulté le 30 décembre 2021. https://data.oecd.org/fr/gdp/previsions-du-pib-reel-a-long-terme.htm#indicator-chart [vi] World Inequality report 2022, opus cité, Chapitre 10 [vii] Ibid. Chapitre 10, Figure B10.1 Global billionaires’ wealth growth and healthcare spending [viii] Plihon, Dominique. « Les taxes globales : un instrument nécessaire face à la mondialisation », Regards croisés sur l'économie, vol. 1, no. 1, 2007, p. 255. https://doi.org/10.3917/rce.001.0252 [ix] Eduardo Porter, « Don’t Fight the Robots. Tax Them. », The New York Times, February 23, 2019.

[x] Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), « World military spending rises to almost $2 trillion in 2020 », SIPRI for the media, Stockholm, 26 April 2021. Consulté le 3 janvier 2022. https://www.sipri.org/media/press-release/2021/world-military-spending-rises-almost-2-trillion-2020

[xi] Site de World Parliament and Earth Federation : Earth constitution : http://worldparliament-gov.org/constitution/the-earth-constitution/ [xii] Robert Hutchins, Giuseppe Antonio Borgese, Mortimer J. Adler, Le Plan Chicago, Ébauche préliminaire de constitution mondiale, Université de Chicago, Chicago, 1948. http://www.worldbeyondborders.org/chicagodraft.htm

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